Un collectionneur habitant dans le Var a fait une étrange découverte en parvenant à ouvrir un coffre qu'il détenait chez lui depuis dix-sept ans. Les papiers retrouvés appartenaient à une famille d'Argentan. Il a retrouvé un descendant à qui il viendra restituer ce trésor familial.
Les vieux objets ont leur part de mystère qui se révèle parfois de manière inattendue. "Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes, mais les choses murmurent si nous savons entendre", chantait Barbara. À Saint-Aygulf, dans le Var, Philippe Esvelin est de ces collectionneurs qui aiment chiner du mobilier et des bibelots qui ont un vécu et qui murmurent.
Au mois de décembre, il fait l'acquisition d'un vieux meuble-vitrine, mais le petit placard intérieur n'ouvre pas. "Je retourne chez le brocanteur et je lui demande s'il a la clef. Il me confie une boîte qui en contenait une bonne centaine," raconte Philippe Esvelin. Il les essaye, les unes après les autres. La serrure lui résiste, mais ce faisant, il se souvient d'un vieux coffre-fort acheté en Normandie qui gardait pour lui quelque mystère.
Une mystérieuse enveloppe de papier kraft
"C'est un coffre des années 20 avec une porte blindée. Je l'avais trouvé à Caen il y a 17 ans. Le brocanteur le tenait d'une succession. Un des tiroirs à l'intérieur était resté fermé". Philippe Esvelin profite d'avoir sous la main la boite remplie de clefs pour tenter sa chance. "La première que j'introduis dans la serrure fonctionne et j'ouvre la porte !" Comme dans un film.
Une enveloppe de papier Kraft est exhumée de sa cachette et de l'oubli. "Je me suis dit qu'il y avait peut-être des billets de banque. Je me faisais déjà un plaisir de retrouver des Pascal de mon enfance". Une fois dégrafée, l'enveloppe libère des vieux papiers. Philipe Esvelin est "estomaqué". Il tombe sur des télégrammes et des courriers des années 1920 et 1930. Deux décorations s'en échappent : une croix de guerre de 14-18 et une médaille militaire.
Les souvenirs d'une famille de l'Orne
Les courriers sont souvent adressés à "Madame Hervault - 2, rue du Point-du-Jour - Argentan". Philippe Esvelin sursaute : "mon grand-père est né à Héloup dans l'Orne. Il a été résistant dans le nord de la Sarthe. L'histoire du débarquement et de cette région me passionne. J'ai même demandé à venir faire mon service militaire à Ouistreham et je suis resté habiter dans le Calvados pendant quelques années".
Un courrier retient son attention. Il est signé d'un certain Jean Hervault, prisonnier de guerre en Allemagne. Le 6 mai 1945, il écrit à sa mère : "peut-être recevras-tu cette lettre. Si oui, tu sauras que je suis vivant et que j'ai passé au travers et que j'attends tranquillement mon rapatriement. Enfin, je vais te revoir, retrouver mon foyer, ma maman, ma chère maman..."
"Ceci est mon testament. À n'ouvrir qu'après ma mort"
Philippe Esvelin tombe enfin sur deux enveloppes cachetées portant cette mention manuscrite : "Ceci est mon testament. À n'ouvrir qu'après ma mort". L'une est signée de Jean Hervault, l'autre de Jeanne Hervault. "Ces deux enveloppes m'ont vraiment ému. Je ne les ai pas ouvertes. C'est mystérieux et troublant".
À l'ère d'internet, il n'est point besoin d'être un fin limier pour retrouver des descendants d'une famille inconnue qui habite à plus de mille kilomètres. "J'ai découvert que Jean Hervault avait écrit un livre sur sa captivité en Allemagne. J'ai appelé l'éditeur. Aujourd'hui, je suis en contact avec quelqu'un de cette famille". Philippe Esvelin est prêt à faire le voyage jusqu'en Normandie. Il va remettre ce trésor familial en mains propres au fils de Jeanne et Jean Hervault avec qui le destin a voulu qu'il noue un lien, en venant à bout d'une serrure.